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Page:Fétis - Biographie universelle des musiciens, t1.djvu/71

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lxvii
DE L’HISTOIRE DE LA MUSIQUE

Mais là se bornent nos connaissances sur la nature des instrumens hébreux : pour en savoir davantage, nous sommes obligés d’examiner ce qu’étaient les instrumens chez les Égyptiens, et ce qu’ils sont encore aujourd’hui ; car les Juifs ont tout appris des Égyptiens. L’historien hébreu Philon, et Clément d’Alexandrie ne mettent pas en doute que Moïse n’eût appris la musique en Égypte. Ainsi, nous ne pouvons douter que le psaltérion et un instrument du genre du luth n’aient été en usage chez les Juifs, puisqu’ils se rencontrent sur tous les monumens de l’Égypte, et que la plupart des peuples de l’Orient s’en servent encore ; mais que l’instrument à manche ait été le schelasim, comme Prinz l’affirme dans son histoire de la musique ; que magrepha ou migrepha ait désigné, suivant l’opinion de quelques autres écrivains, le psaltérion, c’est ce que nous ne savons pas, ce que nous ne pourrons jamais savoir, n’ayant pour nous instruire que la Bible, qui ne s’explique pas et qui n’indique que des noms.

À l’égard des traducteurs et des commentateurs qui ont rendu le mot hébreu ugabh par celui d’orgue, et qui ont parlé de l’existence du violon chez les Juifs, je dirai d’abord qu’il n’y a aucune trace sur les monumens de l’Égypte de quelque chose qui ressemble au premier de ces instrumens, et que les conjectures qu’on peut faire à ce sujet n’ont aucune espèce de valeur. Je ferai remarquer ensuite qu’on ne trouve rien dans l’antiquité qui puisse faire croire à l’existence du violon ni d’aucun instrument à archet chez les peuples orientaux. L’archet est originaire du Nord et de l’Occident : si on le trouve aujourd’hui chez les Arabes et dans la Perse, c’est que les Francs en ont doté l’Orient, comme ils en ont rapporté le luth et le psaltérion. Je ferai voir tout cela dans la suite.

Si je me suis étendu longuement sur les instrumens de l’Égypte, de la Judée, et de l’Arabie, c’est que je n’avais que ce moyen pour faire comprendre ce qui me reste à dire du système général de la musique des peuples qui habitaient et qui habitent encore ces contrées. Tous ces instrumens sont montés d’un grand nombre de cordes ; ils indiquent donc l’usage habituel d’une échelle musicale étendue, et vraisemblablement aussi d’intervalles plus petits que ceux qui divisent la gamme des Européens. Ce trait est caractéristique dans la musique de l’Orient, et particulièrement dans celle des Égyptiens et des Arabes : mais ce n’est que par induction que nous pouvons parvenir à une connaissance approximative de l’ancien état de cette musique. Parmi la multitude de débris que les explorations récentes de l’Égypte ont fait tomber dans