tout ce qui concernait leur tonalité. Car il ne faut pas croire que les huit modes du chant de l’église grecque nous donnent une idée de cette tonalité. Il est vraisemblable que ces modes ont été formulés à l’imitation des anciens modes grecs, mais avec quelque altération dans leur caractère primitif. Peut-être cette application des formules de l’ancienne musique grecque à la mélodie des anciens Égyptiens est-elle la part réelle que saint Jean Damascène a eue dans la réforme du chant de l’église grecque : quoi qu’il en soit, il est certain que les noms de ces modes sont grecs (dorien, Lydie, phrygien, mixolydien, etc., etc.).
S’il reste encore aujourd’hui quelque trace de l’ancienne tonalité de la musique égyptienne, c’est sans doute dans la mélodie des Qobtes qu’il faut les chercher, ainsi que dans les trois modes de la musique Éthiopienne. La tonalité de ces deux genres de musique a beaucoup d’analogie : si l’effet en est différent, c’est à cause du mode d’exécution. Les prêtres abyssins ont une certaine vivacité d’intelligence et d’organisation physique qui se faire remarquer dans tout ce qu’ils font ; tandis que les Qobtes, tristes et malheureux débris d’un peuple dégénéré par un long esclavage, portent dans toutes leurs actions une lenteur, une nonchalance assoupissantes. Suivant les traditions de l’église éthiopienne, saint Yared, vénéré dans le pays, aurait trouvé d’une manière miraculeuse et par l’inspiration du saint Esprit, les trois modes de la musique. C’est l’histoire de Mesrop et du chant arménien ; c’est celle de toutes choses chez les peuples de l’Orient. Ces trois modes ont un caractère uniforme ; ils ressemblent à notre mode mineur dont on aurait retranché la note sensible. Ils ne diffèrent entre eux que par leur degré d’élévation et par l’étendue de leur échelle. Ainsi, quoique le mode guez réponde à notre ton de la mineur, et que le mode ezel soit en sol mineur, les mélodies de celui-ci embrassent une plus grande étendue et s’élèvent plus haut. Les Qobtes ont dix tons ou modes dont ils savent discerner les différences ; mais, à l’oreille d’un européen, toutes ces différences se confondent dans une seule mélodie. Le mode mineur y domine, mais quelquefois le mode majeur s’y introduit d’une manière arbitraire, en apparence, et la voix s’élevant peu à peu semble réunir plusieurs tons ensemble. Que si, après qu’une mélodie est achevée, on en demande une d’un autre ton à un chanteur qobte, celle qu’il fera entendre produira exactement la même sensation que la première à l’oreille de l’étranger, mais non pas à la sienne.
Au reste, il est bien d’autres choses en quoi se manifeste la différence d’or-