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Page:Fétis - Biographie universelle des musiciens, t1.djvu/83

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DE L’HISTOIRE DE LA MUSIQUE

musical. Le style, en partie figuré, en partie simple, de leur langage technique, nuit beaucoup à la clarté des idées, qui d’ailleurs sont noyées dans un océan de mots inutiles. »

Le diagramme général des sons de la musique arabe se divise en quatre-vingt-quatre gammes, dont les formes sont déterminées suivant les règles de certains modes appelés en général magâmât, qui sont au nombre de douze, et qui répondent aux signes du zodiaque. On désigne ces modes par les noms de rast, zenklâ, o’châq, hogâz, eraq, abouseylyk, zyrafkend, rahâony, bouzourk, isfahân, hozeyny et nâoua.

Le génie oriental se fait apercevoir dans les moindres détails de ce système. « Le rast (dit un écrivain arabe), le senklâ et l’o’châq sont d’un tempérament chaud et sec ; ils répondent à l’élément du feu et à l’humeur de la bile ; en particulier, le rast appartient au signe du bélier, le zenklâ à celui du lion, l’o’châq à celui du sagittaire. L’eraq, l’hogâz et l’abouseylyk ont le tempérament chaud et humide : ils correspondent à l’élément de l’air et à l’humeur du sang ; l’erâq appartient aux gémeaux, l’hogâz à la balance, et l’abouseylyk au verseau. Le zyrafkend, le rahâony et le bouzourk ont le tempérament froid et humide, et répondent ç l’élément de l’eau et à l’humeur du flegme ; le zyrafkend appartient à l’écrevisse, le rahâony au scorpion, et le bouzourk aux poissons. L’isfâhan, l’hzeyny et le nâoua ont le tempérament sec et froid : ils répondent à l’élément terreux (poudreux) et à l’humeur noire, et l’isfâhan à appartient au signe du taureau, l’hzeyny à la vierge et le nâoua au capricorne. »

Semblable au système de tonalité des Hindous, sous le rapport de la variété, celui des Arabes est de nature à faire comprendre jusqu’où peut aller la différence d’organisation musicale entre les peuples divers. Les douze modes de ce système se divisent chacun en treize gammes ou circulations. Toutes ces circulations répondent à notre gamme de la, mais dans un ordre de succession tel que toutes les notes intermédiaires entre la et son octave supérieure se présentent tour à tour dans un état d’altération qui résulte de la division de l’échelle par tiers de ton, à l’exception de la quarte supérieure (), qui est immuable comme les deux notes des extrémités de la gamme. Telle est quelquefois la bizarrerie des associations successives des sons de ces gammes, que l’oreille européenne la plus dure ne pourrait les entendre sans en être déchirée ; et pourtant un Arabe y éprouve un vif plaisir. Pour donner une idée de la variété de ces gammes de la, j’en citerai quelques-unes.