Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/102

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bien. Vive nous ! tron de l’air ! et pour les autres le déluge !

Il y eut à la suite de ce joli mouvement oratoire, une chaude et franche approbation.

Pendant qu’on applaudissait, les carreaux de la croisée rendirent un bruit singulier, dans le cabinet voisin. Les bravos empêchèrent d’entendre. Il faisait d’ailleurs beaucoup de vent.

— Il y a du bon là-dedans, dit Letanneur, mais revenons à Léon Malevoy. Que fera l’aîné de notre famille ?

— Tout, répondit Comayrol à voix basse et après un silence.

— Ce qui veut dire ? interrogea encore Letanneur.

Pour la seconde fois, le maître clerc fit attendre sa réponse, puis il prononça lentement :

— Il y a une fortune à prendre, une grande fortune. Les cartons ravagés de l’étude Deban renferment un secret qui vaut des millions.

On écoutait. Comayrol ajouta avec plus d’emphase :

— L’homme qui a fait l’agence Lecoq, la maison Schwartz et tant d’autres belles choses, assure ses abonnés contre les désagréments de la justice.

— Bravo ! s’écria vivement le bon Jaffret. J’ai toujours rêvé cela. C’est matériellement possible ! J’en suis de la tête aux pieds, moi, vous savez ! J’ai des idées excellentes… mais qui sont dangereuses.

Letanneur avait secoué la tête.

— Ne comptez pas sur Léon Malevoy, dit-il. On a prononcé le mot : Léon est un gentilhomme… Je crois d’ailleurs que sa famille travaille à faire les fonds pour lui acheter l’étude Deban.

Tout le monde éclata de rire.

— Acheter l’étude Deban ! s’écria le roi Comayrol. Acheter un panier sans anse ! une assiette fendue ! une soupière qui n’a plus de fond ! Va vers ce jeune insensé, Letanneur. Tu sais manier la parole. Dis-lui qu’une association puissante lui donnera cent pour cent de ses capitaux, le