Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/147

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réponse de M. le duc de Clare, envoyée de Rome.

La mère Françoise d’Assise attendait, depuis le temps, avec une profonde impatience. Elle comptait les heures. Jusqu’à présent, la neuvaine accomplie n’avait pas amené de résultats : au moins pour la vieille religieuse, qui ne connaissait pas le gymnase de notre Roland, derrière le paravent.

C’était toujours chez le blessé le même mutisme et la même immobilité. Les apparences de la vie avaient beau renaître en lui, il restait de pierre, et le chirurgien comptait bien soumettre ce cas si rare à l’Académie.

Ce fut en tremblant que la mère déchira la large enveloppe, timbrée de l’écusson de Clare. Le regard vif et perçant de la vieille religieuse parcourut d’un temps les quelques lignes tracées sur le papier épais.

— Dieu soit loué ! murmura-t-elle, c’est la neuvaine !

M. le duc de Clare, répondant respectueusement à l’appel de sa noble parente, annonçait son départ immédiat. Il devait suivre son courtier à vingt-quatre heures de distance.

— Demain ! dit-elle. Il sera ici demain !

Elle s’agenouilla devant son lit et pria ; mais son regard cherchait malgré elle la miniature qui pendait au mur, et parmi les formules de l’oraison, elle mêlait à son insu d’autres paroles :

— Il verra bien ! pensait-elle tout haut. Je ne suis pas folle. J’ai été dix fois à son chevet et dix fois cette ressemblance m’a frappée. M. le duc de Clare est un gentilhomme, un honnête homme aussi comme tous ceux qui ont le sang du roi dans leurs veines… Il verra bien ! il verra bien !

Elle se leva sans que, peut-être, sa prière fût achevée ; elle décrocha la miniature qui lui sembla s’animer et sourire. Un