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XV

La mi-carême.


La Davot dîna comme un ange. Elle avait le cœur content et de l’argent dans sa poche. Son regard était constamment récréé par la vue de l’habillement neuf dont les diverses pièces s’étalaient sur des chaises. En outre, nous savons qu’elle n’avait pas déjeuné ; Roland le savait encore mieux que nous.

Tout en mangeant, elle s’entretenait avec elle-même, non point en dedans, mais à voix haute, comme font les personnes bavardes qui ont des professions solitaires. Elle disait, la bouche pleine :

— Ça ne pouvait pas toujours durer, n’est-ce pas ? Il y a un terme à tout. J’en aurais fait une maladie ! Veiller le jour, veiller la nuit, c’est bon un temps… Oui, fais semblant de dormir, toi, s’interrompit-elle en pointant le blessé avec son couteau de table. Je parierais un franc que tu es un pas grand’chose et qu’on va découvrir quelque part un pot aux roses à propos