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Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/326

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XI

Similor.


M. Baruque était un petit homme froid, et son surnom : Rudaupoil, rendait assez bien la qualité de sa nature. Généralement, il ne s’étonnait de rien et mystifiait tout le monde, excepté le patron, avec un flegme imperturbable. Curieux, fureteur, sans être autrement bavard, il savait quantité de petits secrets qu’il ne divulguait qu’à bon escient, et cela augmentait singulièrement son importance dans ce monde hybride où chacun avait quelque chose à cacher.

M. Baruque avait pour le « patron » un attachement sans bornes, quoique le patron fût le seul homme de son entourage qu’il ne connût pas à son gré.

Pour blêmir visiblement la joue parcheminée de M. Baruque, pour le faire chanceler sur ses jambes courtes et dures comme du bois, il fallait une mauvaise affaire ou un quine gagné à la loterie, car la joie aussi fait peur, comme l’a prouvé, par un succès sans rival, un des plus charmants écrivains de notre âge.

Nous dirons tout de suite ce qui avait fait chanceler et pâlir ce brave M. Baruque, pendant que M. Cœur lui parlait à l’oreille.

M. Cœur lui avait dit :

— Mon bonhomme, il ne faut pas que la fête dure longtemps aujourd’hui ; nous avons à travailler ce soir.