Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/368

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fiés par sa mère.

Celle-ci mourut deux semaines après ; une lettre d’elle, adressée au duc de Clare, in extremis, éclaira tout le mystère.

Sur ces entrefaites, j’acquis l’étude de Me Deban. Je trouvai dans le dossier de Clare les trois pièces convoitées par la duchesse Thérèse. Le docteur Abel Lenoir, qui avait reçu ses derniers aveux, déposa peu de temps après entre mes mains une quatrième et une cinquième pièce : l’acte de naissance du jeune duc Roland, qui passait pour mort, et l’acte de décès de Thérèse elle-même…

Jusqu’à ce moment, Rose de Malevoy avait écouté avec une attention extrême et sans prononcer une parole. Ici, elle interrompit son frère pour dire :

— Dans ton opinion, le fils de cette Thérèse est bien positivement l’héritier de Clare, n’est-ce pas ?

— Positivement, répondit Léon. L’héritier unique.

Rose avait baissé ses yeux tristes qui rêvaient. Elle reprit :

— Et ce sont les pièces, au nombre de cinq, établissant les droits de cet héritier unique, qui ont été soustraites récemment dans ton étude ?

Léon laissa échapper un geste d’étonnement ; il hésita, cette fois, avant de parler.

— Ma sœur, dit-il enfin, tu sais maintenant tout ce que tu avais besoin de savoir. Tu ne m’as pas appris encore comment tu as découvert la soustraction de ces papiers qui menace mon honneur et peut tuer tout mon avenir. Je n’ai confié mon secret à personne.

— En tout cas, Nita garderait toujours les biens de sa mère… murmura Rose, suivant un ordre d’idées qui restait comme une énigme pour son frère.

Celui-ci répondit :

— La princesse d’Eppstein ne garderait rien !

— Comment cela ?