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Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/505

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— Pauvre chère ! murmura Rose à son oreille, si tu savais ce qui se passe !

— Rien ne menace Roland, mon cousin, s’écria Marguerite en reculant d’un pas et avec un geste qui était un chef-d’œuvre.

On ne lui répondit point.

— Écoutez, dit-elle, je suis toute drôle cette nuit, et quelque chose me serre le cœur. Je ne crois pas aux pressentiments, au moins… J’aurais dû vous le dire tout de suite, mais je ne sais à quoi je songe… j’avais oublié… M. de Malevoy est sorti…

— Sorti ! répétèrent les trois assistants d’une seule voix.

— Il est retourné chez lui… pour les papiers qu’on lui a enlevés… Oui, c’est cela, Mme la comtesse lui a donné des indications…

— Fausses ! l’interrompit Rose dont la voix tremblait de colère. Elle a voulu l’éloigner ! Elle a réussi !

— Êtes-vous sûre qu’il est à son étude ? demanda M. Lenoir qui prit son chapeau sur un siège.

— Oui… et puis voyons, que je me souvienne… Il a parlé de la rue de la Sorbonne.

— L’atelier Cœur-d’Acier ! s’écria Rose.

— Ou la maison Jaffret ! fit le comte. Je donnerais cinq cents louis pour pouvoir sortir !

Le docteur était déjà à la porte. Rose s’élança sur ses pas.

— Je vais avec vous, docteur, dit-elle.

— Qu’ont-ils donc ? demanda Nita quand ils furent partis… Bon ami, je vous quitte aussi. J’ai promis la prochaine valse à mon cousin Roland… mais je reviendrai. Ils me font peur, savez-vous ?

— Soyez tranquille, ma fille, dit le malade en lui baisant les mains. Nous veillons autour de vous.

Elle s’enfuit.

Comme elle descendait le grand escalier, elle entendit le roulement d’une voiture, qui allait s’éloignant.

— Double victoire ! pensa-t-elle. L’épreuve est faite et les voilà partis ! j’ai pour le moins une grande heure devant moi… Or, dans une heure, tout sera dit.