Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/544

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Elle tenait le renseignement cherché : la vraie Nita et Roland avaient parlé de Léon de Malevoy.

— C’est vrai ! murmura-t-elle en étouffant un soupir de triomphe, vous me l’aviez bien dit. Je ne voulais pas le croire ! L’homme en qui mon père avait mis toute sa confiance ! le frère de ma meilleure amie !…

— Nita, prononça Roland d’une voix impérieuse et presque sévère, j’exige que vous me disiez à l’instant même de quoi je dois punir M. de Malevoy !

La fausse princesse se détacha de lui et joignit les mains, comme si elle l’eût regardé avec admiration.

— Oh ! fit-elle, merci de parler ainsi, Roland, mon bien aimé Roland ! si vous saviez combien je suis heureuse de cet ordre que vous me donnez !… Mais pas à présent, je vous en supplie… à présent, il faut fuir !

— Fuir ! répéta Roland, moi et vous ! Fuir cette maison qui est à l’un de nous deux, qui est à tous deux !

— Et qui est pleine de dangers, auxquels ni vous ni moi ne saurions résister, Roland. Écoutez-moi, ayez pitié de moi ! Une fois hors du seuil, je vous expliquerai tout ! Je ne suis pas une folle, allez ! Il y a là au-dessus du boudoir où nous causions d’amour un homme qui se meurt et qui pourrait vous dire si mes craintes sont extravagantes ! Vous avez les titres sur vous, les titres qui vous assurent la victoire. Avec ces titres, une fois hors d’ici, vous êtes mon maître, vous êtes le maître de ceux qui nous combattent…