Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/549

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Un grand cri prévint le nombre trois qui était sur leurs lèvres.

Marguerite bondit sur ses pieds, cherchant à se défendre contre une attaque soudaine. Deux dominos noirs venaient de passer le seuil.

— Celle-ci vous assassinait l’un par l’autre ! dit une voix éclatante. Roland, mon frère ! Celle-ci n’est pas Nita de Clare !

D’un geste violent, Rose de Malevoy avait arraché le masque de Marguerite.

Les deux jeunes gens reculèrent stupéfaits. Marguerite sembla se replier sur elle-même, prête à bondir contre Rose, dont le beau visage était découvert.

— Sur mon honneur et ma conscience, prononça lentement l’autre domino noir, en désignant Roland, ce jeune homme est le fils de Thérèse, duchesse de Clare !

Il s’adressait à deux graves personnages qui entraient, précédant une foule bruyante. L’un d’eux était le juge d’instruction, l’autre maître Mercier.

L’illustre avocat dit :

— La justice prend ses garanties où et comme elle l’entend. Pour moi, le témoignage du docteur Abel Lenoir est l’évidence même.

Ils s’écartèrent pour donner passage à ce spectre, revêtu d’un long manteau qui, tout à l’heure était sorti de l’appartement du comte.

C’était le comte lui-même. Il était si pâle, que vous eussiez dit un homme à sa dernière heure. Il tenait à la main sa pupille, Nita de Clare, princesse d’Eppstein. Il marcha vers les deux jeunes gens qui restaient frappés de stupeur.

— Monsieur de Malevoy, dit-il, M. le