Page:Féval - L’Arme invisible, 1873.djvu/273

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voir peut-être quelques lignes de la première lettre :

« Vous êtes trompé, votre passion vous aveugle, cette jeune fille est de celles à qui un galant homme ne peut pas donner son nom… »

« … Prenez garde, disait une autre lettre, votre mission ici-bas est grave et sacrée. Souvenez-vous de ceux qui sont morts et ne mettez pas cette honteuse aventure entre vous et votre vengeance. Celle que vous allez épouser sera un obstacle au-devant de vos pas, ceux que vous poursuivez sont puissants et manient des armes inconnues ; l’amour est un poison : prenez garde… »

La troisième lettre disait :

« Madame Samayoux, saltimbanque et propriétaire d’une ménagerie foraine, a sa baraque, en ce moment, sur la place Walhubert. Allez lui demander des nouvelles de Fleurette et vous saurez ce qu’est Mlle de Villanove. »

Les doigts du jeune magistrat se crispèrent, et d’un geste violent il jeta les trois lettres dans le foyer.

— Arme inconnue ! pensa-t-il tout haut, arme invisible ! Tout cela sort de leur mystérieux arsenal ? sont-ils autour de moi déjà ? essayent-ils de tuer mon âme, parce que j’ai mis la vie de mon corps à l’abri de leurs atteintes ?

Sa tête tomba entre ses mains et sa poitrine rendit un sanglot.

— Oh ! Valentine ! Valentine ! murmura-t-il, que m’importe tout cela ! Désormais, y a-t-il au monde