Page:Féval - L’Arme invisible, 1873.djvu/295

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tomber sur le balcon à la vue de tous ceux qui étaient en bas.

Je les entendais ; ils disaient : Frappez à la porte du grand salon ! qu’on fasse le tour par la rue de l’Oratoire pour aller prévenir le concierge ! une échelle ! ce sera plus tôt fait.

Je poussai la fenêtre entr’ouverte, qui était celle d’un cabinet, juste au moment où la jeune femme que j’avais vue agenouillée s’élançait hors de sa chambre, effrayée par le bruit. Elle avait entendu sans doute répéter bien des fois au-dehors le mot assassin ; à ma vue, elle se rejeta dans la chambre en poussant un grand cri.

Certes, ceux du jardin n’avaient pas eu le temps de faire le tour par les Champs-Élysées, et pourtant une porte s’ouvrit donnant passage à des gens qui disaient aussi : « L’assassin, l’assassin ! »

Elle me montra du doigt, celle en qui j’espérais ; elle s’écria : « Le voici ! » et je fus entouré, car on avait trouvé une échelle, et les gens du jardin entraient par le cabinet.

Je regardai alors cette jeune fille qui m’avait livré et mon cœur cessa de battre ; je ne prononçai qu’un mot : Fleurette !

— Fleurette ! répéta le juge qui retenait son souffle et dont le visage était devenu livide.

— Elle me reconnut aussi, poursuivit Maurice d’une voix altérée, car elle prononça mon nom et vint tomber dans mes bras.

— Dans vos bras ! répéta encore Remy d’Arx.

Ses yeux étaient baissés, ses lèvres contractées.