Page:Féval - L’Arme invisible, 1873.djvu/322

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comme un goujon dans la poêle. Il faudra donner une gratification à Giovan-Battista, sais-tu ?

— Nous jouons avec le feu, papa, répondit l’autre homme, on n’est pas bien ici pour causer, ça sent la cour d’assises.

Tout en parlant, sa main tâtait la table et finit par trouver le rouleau de papier déposé par Valentine.

— Voilà l’objet, dit-il, filons… Mais, de par tous les diables, que faites-vous là papa ?

Celui qui avait parlé le premier s’était installé dans le fauteuil de Remy d’Arx.

Il dit avec ce petit rire sénile que nous avons entendu si souvent :

— Une coquinette comme cela vaut deux ou trois douzaines de Coyatier, hé ! l’Amitié ?… Et alors ce cher Remy t’a fait demander à la 2e division ?

— Il faudrait avoir trente-six noms, répondit Lecoq en haussant les épaules ; la veuve Samayoux aura bavardé. Vous vous tirerez peut-être encore de cette affaire-là et nous aussi, patron ; mais la corde est bien tendue désormais, et je crois que le meilleur serait de liquider, puisque nous sommes riches.

Le colonel se leva.

— Mon fils, répondit-il, nous avons du temps devant nous ; quand on fait des équipées comme celles-ci, on n’a que trente ans. Sangodémi ! je suis tout aise d’avoir pénétré dans le sanctuaire de la justice. Allons-nous-en par où nous sommes venus ; la préfecture est aussi un bien joli séjour, et il fait bon avoir des amis partout.

Ils sortirent. On aurait pu entendre ces derniers