ma mémoire. Voici bien peu de jours que le voile s’est déchiré ; la semaine dernière, je suis venue chez le colonel Bozzo pour lui souhaiter sa fête ; son domestique le croyait dans son cabinet, où je suis entrée sans frapper, selon mon habitude.
« Le colonel ne devait pas être loin, car son grand fauteuil restait devant la tablette abaissée de son secrétaire.
« Pour l’attendre, je m’assis dans le grand fauteuil en me jouant ; j’étais à cent lieues de pressentir quoi que ce soit.
« Ce fut le hasard que mes yeux tombèrent sur un manuscrit ouvert sur la tablette… »
Le colonel se frappa le front.
— Sangodémi ! murmura-t-il, j’étais descendu au salon pour laver la tête à ce coquin de Corona.
— Vous voyez, répliqua Lecoq, que ce n’est pas seulement M. Remy d’Arx qui oublie ses papiers sur les tables. Papa, ce jour-là, vous n’aviez pas mis votre corde de pendu dans votre poche.
Le colonel prit un accent plaintif pour murmurer :
— Quand il m’arrive quelque chose de malheureux, vous triomphez. Au fond, vous me détestez tous… Est-ce qu’elle parcourut le mémoire de Remy ?
— Je penche à croire qu’elle l’avala d’un bout à l’autre, voyez plutôt :
« … Les mots Habits-Noirs, qui sortaient soulignés au milieu de la page me frappèrent, ma curio-