Page:Féval - L’Arme invisible, 1873.djvu/359

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Ce fut celle-là qu’il ouvrit d’abord.

En déchirant l’enveloppe, sa main tremblait, parce qu’il pensait :

— Quand je reviendrai après l’avoir tué, que me dira-t-elle ? et pourtant je suis condamné à le tuer !

En ce moment, la signature de la lettre éblouit son regard.

— C’est de lui ! s’écria-t-il, pendant que tout son sang lui remontait au visage.

La lettre disait :

« Monsieur d’Arx, je vous dois la vie et la liberté ; je voudrais être votre ami, mais cela ne dépend pas de moi. Vous m’avez fait promettre qu’aussitôt libre je me tiendrais à votre disposition ; malgré ma répugnance, je ne puis manquer à ma parole : je demeure rue d’Anjou-Saint-Honoré, no 28. Je ne vous chercherai pas, monsieur d’Arx, mais je n’ai pas le droit de vous éviter. »

C’était signé Maurice Pagès.

Une flamme s’était allumée dans les prunelles de Remy.

— Il n’est pas même jaloux de moi ! dit-il avec une colère concentrée, il n’a pas de haine contre moi ! sa lettre n’essaye pas de railler, mais c’est le plus outrageant de tous les sarcasmes. J’ai le temps ; demain, à l’heure où Valentine deviendra ma femme, je n’aurai plus de rival.

Sans y songer, il rompit le second cachet.

Il lut d’un air distrait :