Page:Féval - L’Arme invisible, 1873.djvu/71

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— Il est bien entendu, madame, ajouta-t-il en baissant la voix, que je marque au crayon, pour n’être point lus, les articles spécialement faits pour notre sexe, tels que les affaires d’infanticides et les attentats à la pudeur.

Le groupe du piano ne bougea pas plus que si l’on eût parlé latin. La marquise eut une quinte de toux et Mme de Tresme joua de l’éventail.

— Vous autres, Parisiens, s’écria M. de Champion pendant qu’un rire discret faisait à bas bruit le tour des salles, vous aimez mieux lire des romans, toujours inutiles quand ils ne sont pas dangereux, ou dévorer les attaques incendiaires que les plumes de l’opposition dirigent contre le gouvernement. Chacun son goût ! à Saumur, nous respectons les mœurs et nous savons apprécier les bienfaits de l’ordre public.

— Je suis entièrement de l’avis de M. de Champion, dit le fils méconnu de Louis XVI, à qui la marquise offrait une carte pour le whist. La province est le dernier espoir de notre civilisation malade.

La marquise revint au cousin de Saumur et lui dit tout bas en lui présentant le jeu de cartes :

— Il est la sagesse même et vous voyez qu’il partage les opinions de Saumur.

M. de la Perrière s’était rapproché du colonel Bozzo.

— Pas de whist ce soir, murmura-t-il rapidement, soyez tout entier à votre mécanique : il fait jour.