Page:Féval - L’Arme invisible, 1873.djvu/73

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous à poignées dans les journaux, dans les cafés, dans les salons ; chacun savait les noms de ces misérables, obscurs la veille et qu’entourait aujourd’hui une sorte de gloire populaire.

On dit que dans leur geôle fermée, le bruit de cette hideuse célébrité parvient toujours jusqu’à eux et que leur sauvage orgueil s’en exalte jusqu’au délire.

— Est-ce vrai ? demanda cette blonde Marie, prononçant le nom du chef de la bande, comme si elle eût parlé d’un vaillant soldat ou d’un poète à la mode, est-ce vrai que M. Mack Labussière est un joli homme ?

— Très joli, lui fut-il répondu ; il est Danois d’origine et de la meilleure noblesse. Il se faisait habiller chez Haumann, il était habitué des coulisses de l’Opéra, et on prétend que deux de nos lionnes les plus à la mode se sont rencontrées à la porte de sa prison…

— Voyez ces curieuses ! dit Mme de Tresme essayant de moraliser l’anecdote.

— Et monsieur Mayliand ?

— Oh ! celui-là allait à la cour, tout uniment !

— Bien plus, il collaborait avec M. Scribe !

— J’ai sa marchande de gants ; il en usait une douzaine et demie par semaine.

Mme Mayliand se mettait à ravir…

— Il y a donc une Mme Mayliand ?

— Oui, très liée avec la femme d’un député qu’on nomme.

— Et dame de charité.