Page:Féval - L’Arme invisible, 1873.djvu/96

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— Tu es une charmante enfant, dit-elle, on t’adore ; mais ceux qui t’aiment le mieux ne savent pas toujours sur quel pied danser avec toi. Le mieux est de te dire tout uniment qu’il s’agit de te marier.

— Bravo ! murmura le colonel, voilà de la diplomatie !

Valentine resta un peu interdite, puis elle dit :

— Déjà, belle maman ? Je pensais bien que cela viendrait un jour ou l’autre, mais je croyais avoir encore du temps devant moi.

Puis elle ajouta avec une pétulance pleine de câlinerie :

— Est-ce que vous voulez me faire du chagrin à vous deux, voyons ! Je suis heureuse ici, ma chère tante est pour moi la meilleure des mères…

Elle prit une des mains de la marquise, qu’elle baisa, et demanda, certaine de sa réponse :

— Est-ce que vous ne voulez plus de moi, belle maman ?

Le colonel atteignit sa petite boîte d’or et en tapota le couvercle d’un air pensif.

— Voici cette bonne marquise qui a déjà la larme à l’œil, dit-il. Après le jeune chat, la jeune fille est l’animal le plus gracieux de la création. Alors, minette tu ne veux pas te marier ?

— Moi, dit Valentine, je n’ai pas beaucoup réfléchi à cela. Quel est celui de vos petits gentilshommes qui m’a fait l’honneur de demander ma main ? car, en définitive, on peut accepter l’un et refuser l’autre.

— C’est trop juste, dit la marquise, dont les yeux mouillés riaient. Tu raisonnes comme un ange ! Il y