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LA BANDE CADET

— Et toi, mon gentil garçon, va-t’en prévenir ton excellent père que je désire lui parler.

À une fenêtre de la maison du marbrier, une femme se pencha, qui avait l’apparence exténuée.

— Bonjour, ma chère madame Cadet, dit Jaffret, vous voilà bien mieux que la dernière fois ; vous savez, je vous trouve fraîche comme une rose. Ce que c’est que de nous ! Le pauvre père Morand, avec qui je causais encore la semaine passée… Vous avez vu passer son convoi, pas vrai ? pas de première classe, c’est sûr. Nous allons élever cette enfant-là. Le bien qu’on fait n’appauvrit jamais, madame Cadet… Peut-on dire bonjour à votre homme ?

La malheureuse femme répondit à travers une quinte de toux qui sonnait le cercueil.

— Mon mari est à la campagne.

Le bon Jaffret, malgré cette réponse, ouvrit la portière et descendit. Il avait trois paletots l’un sur l’autre et des bottes fourrées. Il dit à la fillette, qui grelottait :

— Entre à la maison, mon trésor, avec ton petit camarade. On va t’acheter de bons vêtements, tu n’auras plus ni froid ni faim jamais.

Les enfants obéirent.