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LA BANDE CADET

Mlle Clotilde, et, quand elle approcha de sa seizième année, elle crut s’apercevoir que M. le curé cherchait l’occasion de l’entretenir en particulier.

Un jour, c’était justement la fête de ses seize ans, M. le curé lui apporta un beau chapelet.

Pour le lui donner, il l’embrassa, et, en l’embrassant, il lui adressa tout bas cette question que tant de gens grillaient de faire :

— Parions, dit-il avec une gaieté un peu affectée, que vous avez oublié la prière ?

— Quelle prière ? demanda Mlle Clotilde.

— Est-ce que vous ne vous souvenez plus de papa Morand ? insista le prêtre, qui baissa la voix et l’examina d’un retard attentif.

— Ah ! mais, si fait ! répondit la jeune fille sans hésiter.

Un peu de rouge, cependant, vint à sa joue en répondant cela.

— Eh bien, chère fille, reprit le curé, je vous parle de la prière que M. Morand vous enseignait.

— La prière aux tapes ? dit Clotilde qui éclata de rire ; je m’en souviens parfaitement.

— Bien vrai ?

— Sur le bout du doigt.