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LA BANDE CADET

Ce fut lui qui révéla à voix haute le secret de la situation en laissant échapper ce cri de sa première stupeur :

— Évadé ! le condamné ! miséricorde ! ce n’est pas possible !

Pour le coup, ce fut une fête complète.

Les battus eux-mêmes ne regrettaient plus leurs meurtrissures, et les écrasés se consolaient. Non pas qu’on fût satisfait de l’évasion du prisonnier pour le fait lui-même, mais on avait assisté à l’événement, on pourrait le raconter, blâmer les badauds, ces éternels complices de toute bagarre, critiquer l’administration incapable, frotter d’importance les gardiens, les sergents de ville et les gendarmes : piétiner enfin tout le monde.

C’est le bonheur !

— Évadé ! évadé ! évadé ! Et ils sont là deux douzaines d’idiots !

— Et comment évadé ! Avez-vous vu quelque chose ?

— Du feu, madame ! Disparu dans les dessous ! Escamoté…

— Partez muscade !

— Ah ! comme ces coquins-là sont adroits, maintenant !