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LA BANDE CADET

vieux monsieur, ni la femme en noir de la place Royale. Et, néanmoins, ce pauvre M. Noël ne s’était pas trompé, c’était bien le bon fiacre, le vrai : Clément le Manchot y travaillait de tout son cœur.

Il paraissait fort calme, pour un homme qui vient de passer à travers une si chaude aventure. Sa défroque de femme était encore auprès de lui sur le coussin avec un waterproof ayant la vraie odeur de Londres, une casquette plus anglaise que Wellington et un nécessaire de toilette tout ouvert.

M. Noël et aussi le brave directeur de la Force l’auraient encore reconnu à ce moment, grâce à la cicatrice qui le marquait si terriblement ; mais il leur aurait fallu se hâter, car l’ex-prisonnier changeait à vue d’œil.

Ce n’était pas seulement l’effet miraculeux produit par le grand air de la liberté qui le transformait ainsi : je vous l’ai dit, il travaillait.

Il était seul dans le fiacre et il n’avait qu’une main ; il fallait s’ingénier. Le miroir du nécessaire était posé sur la banquette de devant et incliné selon l’angle voulu pour bien mirer notre homme, agenouillé.

Auprès du miroir il y avait un paquet de ouate,