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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome I.djvu/20

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LA BANDE CADET

place de concierge pour lui donner du pain, et je ne l’ai pas trouvée. Fils de roi ! Fitz-Roy ! Nous étions bien riches et bien puissants !

Il alluma les bougies des candélabres et celles du lustre, faisant ainsi surgir les personnages des tapisseries, ressuscitant les grands seigneurs qui s’appuyaient dans les cadres sur la garde de leurs épées, et les belles dames souriantes dont la main tenait une rose ou un éventail. Tout s’animait à ce jour nouveau. Le brocart des meubles étincelait et le soleil d’or, répété à satiété dans les armoiries, semblait secouer sa chevelure de rayons. La magnifique pendule fut remontée et mise à l’heure qu’il était à la pauvre montre d’argent de Morand : huit heures.

Quand il eut achevé, il promena son regard tout autour de la chambre en tamponnant son crâne baigné de sueur et dit :

— C’est comme autrefois, monsieur le duc peut venir !

Puis, se tournant vers l’enfant qu’il avait oubliée et voyant qu’elle n’avait pas même touché au vin sucré ni aux gâteaux, il vint vers elle avec colère.

— Pourquoi ne manges-tu pas, petite bête ? lui demanda-t-il durement.