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LA BANDE CADET

couronne de cheveux blancs qui coiffait encore un demi-siècle après la tête vénérable du Père-à-tous ; les autres prétendent que c’était alors un héroïque soldat, donnant au vent des nuits les longues boucles de sa chevelure noire comme le jais.

Toujours est-il qu’il s’assit dans l’enceinte du temple, sur un fût de colonne brisée, comme Charlemagne au milieu de ses douze pairs.

Pour plafond, il y avait le ciel d’Italie suspendant des milliers d’étoiles aux profondeurs de son azur ; le croissant énorme se couchait derrière les perspectives lucaniennes, à l’horizon du pays des roses, et, par les entredeux des piliers doriques, on voyait les ombres des soldats sommeillant ou buvant autour de leurs feux.

— Mes fils chéris, dit le colonel, entouré d’un respectueux silence, nous voilà au bout de notre rouleau. Ce grand bellâtre de maréchal des logis qu’on appelle le roi Murat n’en a pas pour deux ans, c’est certain ; mais nous n’en avons pas, nous, pour deux semaines. Nous sommes acculés entre la mer et les monts. C’est à vous de savoir si vous voulez passer la mer ou gagner la montagne.

— La montagne ! fut-il répondu tout d’une voix.