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LA BANDE CADET

écoutant les chants, sans doute pieux, que laissaient sourdre les fenêtres closes de la chapelle.

De la piété de ces chants je ne pourrais pas répondre, pour ma part, car une grande table était dressée dans la nef et les officiers de l’ancien état-major des Vestes-Noires fêtaient là en famille l’heure de la réunion après un mois d’absence. Le festin était présidé par le Père-à-tous, dont la vénérable et douce gaieté se communiquait aux convives.

Le couvent de la Merci occupait une étendue de terrain considérable. Ses cryptes et ses caves pouvaient passer pour de véritables souterrains. Les soldats avaient où festoyer comme les chefs.

Cette nuit-là même, après le repas, il y eut conseil des Maîtres dans la crypte creusée et bâtie sous la chapelle. Nous ne citerons aucun nom parmi ces maîtres qui ne touchent en rien à notre présent récit. Bien d’autres avaient vécu depuis leur décès, car si le Père-à-tous était immortel, ses lieutenants s’usaient très vite : il avait une terrible manière de les convertir quand ils n’étaient pas de son avis.

À ce premier conseil tenu dans les souterrains de la Merci, le colonel Bozzo, après s’être félicité de