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LA BANDE CADET

dants et bouclés, épars sur l’oreiller, faisaient un cadre à sa figure presque livide, aux traits réguliers et fiers, mais dont la maigreur éveillait l’idée d’une fin prochaine.

Il y avait surtout cette ligne inquiète et désolée qui abaisse les coins de la bouche en allongeant la lèvre supérieure. Les yeux, cependant, restaient calmes dans leurs orbites agrandies.

Ce mourant, car aucun autre mot ne pouvait le mieux désigner, s’appelait William-Henry Fitz-Roy Stuart de Clare, prince de Souzay. Il n’avait pas plus de trente ans. Depuis quelques mois seulement, il était duc de Clare par la mort du général pair de France du même nom, et chef de cette noble maison, devenue française après la déchéance du roi Jacques Stuart, dont le premier Fitz-Roy était, dit-on, le fils naturel.

Il y avait une demi-heure environ que M. le duc de Clare avait été apporté sur son matelas, à travers les chambres ravagées. Depuis lors, il n’avait pas bougé, couché qu’il était là sur le dos, les yeux ouverts et fixes.

Les valets à la livrée sombre s’étaient retirés.

Il ne restait dans le salon que M. Morand et Tilde