Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome I.djvu/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
30
LA BANDE CADET

— Si fait, Stuart, vous êtes mon parent et vous n’êtes pas riche. Vous m’aimiez quand j’étais enfant…

— Et je vous aime encore, prince, du meilleur de mon cœur !

— Je le crois, je l’espère… N’avez-vous pas une fille, Morand ?

La petite Tilde s’entortilla dans le rideau pendant que son père répondait :

— Grâce à Dieu, si fait, prince. L’enfant est tout ce qui me reste en ce monde.

Les paupières lourdes du malade retombèrent. Sa pensée avait tourné.

— Elle sera riche, murmura-t-il comme par manière d’acquit. Elle est Stuart de Clare comme moi, je veux qu’elle soit riche.

Puis il ajouta, en élevant la voix :

— Moi aussi, j’ai un fils !

— Assurément, mon cousin… commença Morand.

Mais le malade l’interrompit d’un geste douloureux, et prononça si bas qu’on eut peine à l’entendre :

— Ai-je un fils ?…

Il y eut un silence.