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LA BANDE CADET

Il faut Pétrarque à l’amour des âmes, Shakespeare aux enchantements du jeune bonheur ; l’honneur ne se dresse bien à toute sa taille que dans le vers géant de Corneille ; Dieu enfin, Dieu lui-même n’éclate avec tous ses éblouissements redoutables qu’au choc de l’énorme parole de Bossuet ou au cri surhumain de Lacordaire.

Mais l’or ! Rien ne le grandit, rien ne le rehausse ; c’est lui qui est parce qu’il est : Dieu de tous ceux qui n’ont plus de Dieu ! Et ici, je vous parle si vrai (ô mes frères !) que l’or des poètes vous n’y croyez pas, il vous fait sourire, ce n’est pas là votre or. Le bon or, le seul qui ait le titre et qui sonne, donnant aux enfants des cruautés d’homme et rendant le frisson ardent de l’adolescence au sang qui s’attarde dans la veine des vieillards, c’est l’or bête, l’or lourd et grossier servi tout cru, sans fleurs ni style, dans la prose plate des agents de change et des notaires !

Si vous voulez qu’il brille, allumant tout son incendie et répandant tous ses vertiges, ne lui élevez pas un temple, il n’y serait pas chez lui ; ne le mettez même plus à la cave où il se plaisait autrefois, roulant et ruisselant sous l’œil affolé de l’avare.