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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/14

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LA BANDE CADET

Quoique la tête de ce second cadavre fût entamée d’un large coup de hache, le bon vieux sourire de ma tante Émilie restait encore autour des lèvres.

Un des deux porteurs n’avait qu’un bras. Sa face hideuse et stupide ricanait. C’était lui qui avait crié : « Eh ! l’Amour ! » Les autres l’appelaient Clément le Manchot. Ils étaient cinq en tout, y compris la servante qui recevait sans doute le prix du sang.

Quand celle-ci eut recompté son argent, Mme Jaffret lui caressa le menton d’un geste égrillard, et la servante la repoussa, disant : « As-tu fini, vieux Rodrigue ? »

Et je m’aperçus seulement alors que ma tante Jaffret n’avait plus ses habits de femme.

Elle portait une longue redingote d’ouvrier endimanché, avec un foulard, noué autour du cou, et son crâne complètement dénudé n’avait plus une seule mèche de cheveux gris.

— Le cœur n’a pas vieilli, coquinette, dit-elle ou plutôt dit-il, car je crois bien que c’est un homme. Qu’est-ce que tu vas faire de tout cet argent-là ? Si tu veux le placer chez moi, je vaux mieux que la Caisse d’épargne !