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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/192

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pensé tout haut, enfant quinteux, exploitant l’absurde et l’impossible, comme l’épicier du coin vend ses pruneaux, régulièrement, sagement, ce démon, qui n’est qu’un petit-bourgeois sous sa montagne de crimes, a récolté des millions là où tous autres vivent et meurent de misère. Nous avons participé à sa prospérité ; nous sommes tombés dès que sa main a cessé de nous soutenir. Cela prouve que le commerce n’est pas bon pour nous, puisque la banqueroute approche.

— Comtesse, renoncez-vous ? demanda Samuel.

Au lieu de répondre, elle poursuivit :

— Il a menti ; il ment toujours. On ne connaît au monde que trois bank-notes de la Banque d’Angleterre portant ce chiffre : fifty thousand, qui forme un million en souverains d’or ; la planche en a été brisée en présence du Conseil du Royal-exchange dès que la reine, le prince Albert et le directeur chef ont eu chacun le sien. Comment le colonel a pu s’en procurer un seul, je l’ignore, mais il est certain qu’il n’en a pas plein son coffret. Peu importe : à la mort de son petit-fils, il avait déjà cinquante millions.

— C’est-à-dire : « Nous avions » déjà cinquante millions ! rectifia Samuel. Et quoi d’étonnant ? On