Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/23

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
21
LA BANDE CADET

venait d’évoquer. Il n’y avait qu’une pensée pour faire vibrer ainsi son cœur.

— Tu ne m’aimes pas ! tu ne m’aimes pas ! dit-elle, et sa voix avait des larmes, tandis que ses yeux secs interrogeaient ardemment le regard de son fiancé.

Georges lui prit la main et la porta a ses lèvres.

— Je te jure que je t’aime ! dit-il.

Ils avaient oublié cette pauvre comédie qu’ils jouaient naguère de si bonne foi pour tromper la surveillance des espions invisibles. Clotilde surtout avait tout oublié. Elle s’écria en appuyant la main de Georges contre son cœur :

— Moi, je t’aime tant ! Qu’ai-je besoin de ta réponse ? Est-ce que je ne sais pas tout ? Est-ce que je ne lis pas au-dedans de toi aussi bien et mieux que toi-même ? Tu étais là-bas comme tu es ici pour obéir à cette volonté qui sera éternellement entre nous ! Tu ne m’appartiens pas ! Je ne viens qu’après ta mère !

Elle était si belle et tant d’amour s’exhalait de sa beauté que Georges ferma les yeux et pâlit. Son cœur lui faisait mal.

— Je te jure que je t’aime ! répéta-t-il d’une voix