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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/250

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time avait été dressé pour lui rue de la Victoire, chez les demoiselles Fitz-Roy, et sans toi, sans ton dévouement fraternel, c’est lui qui aurait été arrêté après le meurtre. Cette jeune fille, cette Clotilde le repoussa parce qu’elle t’aimait, et, en quelques semaines, nous vîmes Albert changer à ce point qu’on se demandait : Est-ce lui ? Te souviens-tu comme il était brillant, bruyant, joyeux, fort, acharné à dépenser, à prodiguer plutôt le trop plein de sa vie ?… Ce terrible mal d’amour le terrassa et le brisa. Morne, silencieux, découragé, bientôt il ne fut plus que l’ombre de lui-même. Je te l’ai dit : je crus qu’on me l’avait empoisonné. Le docteur Abel, qui a fait des miracles auprès de toi, n’a rien pu quand il s’est agi de lui, et pourtant…

Elle s’arrêta comme si elle eût craint d’en avoir trop dit.

— Et pourtant le docteur a pour Albert la tendresse d’un père, acheva Georges avec simplicité.

— Pour vous deux, oui ! dit la duchesse vivement.

C’était vrai. Georges demanda :

— Mais pourquoi avoir laissé les choses aller si longtemps et si loin, ma mère ?