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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/275

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Échalot, fidèle au poste confié, avait lutté longtemps contre son appétit, mais enfin, cédant à la fringale, il s’était éloigné, comme il le dit plus tard, « un tout petit moment » pour s’offrir une choucroute-saucisse de dix sous, à la Renaissance-de-Ramponneau dans l’avenue.

C’est la renommée. Échalot était un grand estomac, que les excès de bonne chère n’avaient pas blasé. Il aimait la choucroute. Il en demanda une seconde, puis une troisième et, malgré toute la diligence qu’il mit à engloutir cette triple provende, quand il revint à la baraque, la chambrette de sa fille d’adoption était vide.

En son absence, Clotilde avait ouvert les yeux.

La fièvre la tenait.

Stupéfaite à la vue des objets qui l’entouraient et qu’elle ne connaissait point, elle se regarda elle-même, couchée qu’elle était, tout habillée sur ce petit lit. Un vague souvenir lui revint, mais quand elle voulut le débrouiller, un chaos plus inextricable se fit en elle.

Rien ne s’éclaira dans sa pensée. Au contraire ce fut une nuit soudaine et complète, au fond de laquelle était le désespoir.