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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/327

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Clotilde continua de marcher. Son pas silencieux et léger effleurait à peine le parquet, et pourtant il y avait dans ses mouvements cette raideur — cette grandeur tragique qui accompagne si souvent la perte de la raison.

Elle mit ses mains sur les épaules de Mme de Clare, qui subissait en sa présence une étrange impression d’effroi, et la regarda longuement avec une attention intense.

La petite lampe de cristal, posée sur un meuble, les éclairait d’en bas comme ferait, au théâtre, le feu diminué de la rampe.

Elles étaient belles toutes les deux diversement, mais je ne sais quelle condamnation implacable pesait sur leurs fronts.

Clotilde, avec ses cheveux coupés dont l’absence découvrait ses tempes et accusait plus rudement le désordre de sa pensée, avait l’air hardi des adolescentes et nulle trace de ses chères gaietés d’autrefois ne survivait dans les lignes de marbre qui sculptaient la fière correction de sa beauté.

Angèle faisait compassion ; elle semblait, en vérité, plus belle à mesure que l’épouvante et la douleur l’écrasaient davantage.