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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/331

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Il y avait de l’admiration dans le regard désolé de la duchesse.

— Je ne veux pas, murmura-t-elle : Vous savez qu’Albert vous aime ! Je ne peux pas vous laisser mourir. C’est moi seule qui suis condamnée !

Clotilde, qui s’habillait, eut un sourire d’amer dédain :

— Vous appelez cela « être condamnée » dit-elle. Moi je me sens choisie, — désignée par la bonté de Dieu !

— Cela ne sera pas !… s’écria la duchesse, secouée par un emportement soudain ; à la fin, de quel droit m’outragez-vous ? Moi aussi, je veux ! et moi seule ai le droit de vouloir…

Elle se tut.

Clotilde avait mis un doigt sur ses lèvres et disait à son tour :

— Silence ! vous allez l’éveiller !

Elle avait ce sourire triomphant des simples qui ont trouvé l’argument sans réplique.

Et, abandonnant sa toilette commencée, elle se rapprocha d’Angèle dont elle prit les deux poignets qu’elle serra froidement, mais avec tant de force que l’autre fléchit les genoux.