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ment désemparée, qui avait dû faire bien des fois son tour de France. Elle était timbrée d’un large écusson ovale portant cette mention : « Spectacle Échalot de Paris, élévations, suspensions, physique, électricité, combats et mystères, offerts aux habitants de cette ville, avec permission spéciale des autorités. »

La place était déserte déjà depuis du temps. Un vent âpre secouait les arbres dépouillés des boulevards extérieurs. C’est à peine si quelques passants se voyaient à de longs intervalles, hâtant leur marche et rasant les maisons.

Les baraques de la foire dormaient : l’hiver, on n’essaye même pas d’attirer « le monde » après la nuit tombée. La seule lumière qui se montrât dans le campement forain brillait à l’intérieur de la voiture-Échalot par les fentes d’un volet peint en écarlate et lamentablement fendillé.

Dans une cabine ayant trois fois la contenance d’un cercueil, Échalot veillait, pensif et assis sur un tambour d’harmonie. Il était vêtu d’un lambeau qui restait du costume de magicien, porté jadis avec gloire par feu son maître, M. Samayoux, magnétiseur de toutes les diverses cours étrangères. Auprès