Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/81

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Cadet-l’Amour, qui était déjà loin, se retourna pour montrer le poing, mais Échalot avait refermé la porte.

En marchant, Cadet-l’Amour chancelait. Il était bien plus ivre encore de fureur que d’eau-de-vie. De rauques jurons s’étranglaient dans sa gorge.

— Il y a des jours comme cela ! grondait-il, et des nuits ! Que le diable les grille, sacrr… ! J’en larderai ! j’en hacherai ! Personne rue des Minimes, au rendez-vous ! Et les idiots qui se mettent à me marcher sur la tête, maintenant ! Et les autres de la bande qui me tiennent, qui me serrent, qui m’étouffent, disant : « Tant pis pour toi si tu ne réussis pas, on te coupe ! » Mais, avant d’être mangé, je mangerai ! Avant d’être coupé, je couperai, je trancherai, je piquerai ! Il me faut quelqu’un à mordre, d’abord !

Il arrivait au coin de la rue Fontaine, où sa voiture, comme il l’avait dit, l’attendait.

Le cocher dormait sous son carrick. Il l’éveilla d’un violent coup de rotin, et comme l’autre se rebiffait :

— Marche droit, lui dit-il, les ordonnances de police te défendent de dormir sur ton siège. J’ai le