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LA CAVALIÈRE

Onze heures venaient de sonner à l’horloge de la petite église de Nonancourt, lorsque des pas de chevaux éveillèrent le silence nocturne sur la route d’Évreux, qui était complètement déserte.

Il y avait deux chevaux, dont l’un était monté à poil, et l’autre tenu en bride à l’aide d’un bout de corde. On eût dit un voleur de chevaux en ce pays où, de tout temps, prospéra l’industrie du faux maquignonnage.

Voleur ou non, il dépassa Nonancourt avec ses chevaux de pâture à tous crins, sans selles ni brides, et s’arrêta devant la porte de la maison de poste, Avant de mettre pied à terre, il écouta un instant.

— Trébigre ! grommela-t-il, les gueux l’ont bien dit : le monde s’est en allé tout en grand !

Il sauta sur l’herbe, et, sans quitter ses chevaux en lesquels il ne semblait point avoir une absolue confiance, il tira de sa pochette une grosse clef qu’il introduisit dans la serrure de la porte cochère.