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LA CAVALIÈRE

vois-tu mon pauvre Nicaise ! Enfants, jeunes gens, vieillards ne vous font fête que dans l’espoir d’avoir leurs étrennes ! Est-ce vrai ?

— Moi, je ne sais pas, demoiselle, répondit le fatout simplement ; on ne m’a jamais rien donné.

— C’est juste, ça, dit Hélène adoucie.

— Et puis, reprit Nicaise en riant, dame ! écoutez donc, chacun sait ça, les petits cadeaux entretiennent l’amitié.

— Tais-toi, ordonna Hélène avec rudesse.

Il obéit, gardant son rire à ses lèvres, un rire pétrifié.

— Ne ris pas ! continua-t-elle.

— V’là que je ne ris plus !

— Je te défends d’être gai, nigaud ! C’est triste, entends-tu ? ça me navre le cœur ! C’est pour ça que je suis en défiance contre tout le monde ! C’est pour ça que je ne pense qu’à moi, comme tout le monde ! C’est pour ça que je n’aime personne !