Page:Féval - La Chasse au Roi.djvu/145

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Mais pourquoi le roi me rappelle-t-il ces choses que je n’ai point oubliées ?

— Parce que, répondit Jacques Stuart, dont les yeux étaient baissés.

Il sourit après cette réplique enfantine.

— Voulez-vous encore être mon confident, vicomte, ajouta-t-il, comme autrefois ?

— Si votre Majesté m’en juge digne…

— Le plus digne de tous, vicomte ; la preuve, c’est que mon secret ne sera confié qu’à vous seul. Quand je vous l’aurai dit, vous saurez un des motifs privés qui m’empêchent de me jeter tête baissée dans votre extravagante entreprise. Voilà quinze jours, je ne tenais pas à la vie ; si vous étiez venu me proposer de partir à pied pour la côte normande et de traverser la Manche dans une barque de pêcheur, je vous aurais répondu : Marchons, et à la grâce de Dieu !… Mais maintenant, j’ai quelque chose à perdre, Raoul, mon loyal ami ; maintenant, je veux vivre, parce que j’espère être heureux !