Page:Féval - La Chasse au Roi.djvu/149

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malheur. Je me disais : Elle viendra peut-être… Elle n’est pas venue : J’ai appris successivement, et avec quelle peine ! qu’elle habitait le château de Béhonne et qu’elle semblait accomplir dans le pays une œuvre mystérieuse. T’ai-je bien dit que, parmi mes espoirs, le plus cher et le plus fou était de trouver en cette inconnue ma cousine Marie elle-même ?

— Non sire, répliqua Raoul, qui écoutait désormais avec le respect convenable, Votre Majesté ne m’a pas dit cela.

— Il en était ainsi pourtant ; mais pourquoi Marie me fuirait-elle ? La seconde fois que je l’ai rencontrée c’était en forêt, et depuis lors, je chasse chaque jour que Dieu donne, mais je ne l’ai plus revue. Elle venait à l’encontre de moi, suivie par deux gentilshommes. Je fis ranger mon escorte pour lui céder le haut du chemin ; mais elle rabaissa son voile sur son visage et prit au galop une route de traverse, comme si son désir eût été de m’éviter.