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Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 1.djvu/110

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PREMIÈRE PARTIE.

cevait les crosses sculptées de deux magnifiques pistolets.

Le rouge de son uniforme faisait ressortir énergiquement la pâleur mate de son visage.

Il avait de beaux traits régulièrement dessinés, un front noble et une coupe de figure hautaine.

Mais sur tout cela il y avait comme un voile de morne froideur.

À l’ordre répété deux fois par la bouche de leur supérieur, les trois officiers subalternes, dominés par leur habitude d’obéissance, demandèrent passage, et firent de leur mieux pour gagner la porte.

Mais toutes ces têtes irlandaises, pour qui l’austérité puritaine n’est jamais qu’un masque d’emprunt, étaient échauffées par le toddy outre mesure.

Les protestants ont d’ailleurs en Irlande une si haute idée de leur importance, et croient si sincèrement que les soldats anglais sont créés uniquement pour courir sus aux papistes, que les honnêtes freemen de Galway ne pouvaient supporter patiemment cet outrage manifeste. Un homme qui était leur allié naturel témoignait contre eux cette défiance offensante : c’était intolérable !