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MAC-DIARMID.

nie, et le potteen, la bière, l’usquebaugh coulaient à flots généreux dans le comptoir.

Le tap-room était encombré d’électeurs campagnards venus là de tous les coins du canton. On y buvait en chantant des chansons où William Derry, le candidat catholique, était impitoyablement taillé en pièces. Quelques demi-gentlemen se mêlaient çà et là aux groupes des buveurs. C’étaient en général des gens étrangers au comté, des orangistes bénévoles, arrivés tout exprès de l’Ulster ou de Dublin pour chauffer l’élection de Sullivan.

Ils prêchaient ; quelques-uns les écoutaient ; le plus grand nombre se contentait de boire. Orateurs et auditeurs portaient tous à leurs chapeaux sans bords d’énormes cocardes d’un jaune rougeâtre, emblème de leur nuance politique.

Lorsque le major Percy Mortimer sortit du parloir pour gagner la rue, le tap et le comptoir, encore émus par le passage récent des trois officiers subalternes, unirent leurs voix avinées pour jeter vers le ciel une immense acclamation.

— Vivent les dragons de la reine ! disait-on. Les dragons de la reine sont membres du club… Longue vie, longue vie au brave major Mortimer !