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PREMIÈRE PARTIE.

Ellen se montra sur le seuil ; ses cheveux noirs, épars, tombaient le long de sa joue pâle ; quelques gouttes de sueur perlaient à son front.

La respiration lui manquait comme si elle eût fourni une course désespérée.

Les Mac-Diarmid la saluèrent, comme d’habitude, avec amour et respect. Jermyn, dont les sourcils étaient violemment froncés, la contemplait d’un œil jaloux.

L’heiress rejeta en arrière le capuchon de sa mante rouge, et traversa la salle pour se rendre à son siége accoutumé.

Les Mac-Diarmid prirent place à leur tour et s’assirent, après qu’Ellen eut prononcé en latin la prière de bénédiction. Le souper de famille commença triste et silencieux.

À part quelques sourires échangés entre Kate Neale et Owen, aucun visage ne se dérida autour de la grande table. Durant tout le repas, la lumière inégale des chandelles de jonc n’éclaira que des traits mornes et des regards assombris.

La gaieté irlandaise faisait trêve : il y avait sous ce toit, où naguère la vie coulait si pleine, une grave et lugubre pensée.

Bien des siéges restaient vides maintenant. Le chef de la maison, prisonnier et menacé de