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PREMIÈRE PARTIE.

puis leurs têtes chevelues commencèrent à s’agiter ; leurs regards se croisèrent, et un murmure d’indignation s’éleva.

— Par le nom de notre père, dit Sam, cette lady Montrath sera veuve bientôt, je le jure !

— Sang pour sang ! s’écria Larry, c’est la règle.

Jermyn et Dan répétèrent :

— Sang pour sang !

Mickey leur imposa silence d’un geste où il y avait de l’amertume.

Il était l’aîné de la famille, et le choix commun l’avait fait descendre à la seconde place.

Morris était le chef, le maître ; Mickey n’avait peut-être point ce qu’il fallait de grandeur d’âme pour pardonner à son frère sa supériorité reconnue.

Il y avait en lui du dévouement, mais il y avait aussi de la vanité rebelle et comme une arrière-pensée de rancune. Mickey avait plus d’une victoire à pardonner à Morris.

Au dehors il lui obéissait, il le servait en fidèle lieutenant ; à la maison, il se souvenait trop que Dieu l’avait fait le chef naturel et qu’il avait droit au siége de son père absent. Il se soumettait ; il eût donné son sang pour défendre Morris, mais son orgueil révolté parlait tout