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PREMIÈRE PARTIE.

Deux larmes brûlantes roulèrent le long de sa joue et tombèrent sur sa main.

Elle releva lentement sa tête, rejetant en arrière d’un mouvement paresseux le voile que lui faisait sa chevelure. Son noble visage apparut, suppliant et dévot ; son regard éteint se rallumait à l’ardeur de sa prière.

Elle était belle ainsi comme les saints anges de Dieu, et il vous eût fallu l’adorer. Ce qui dans sa nature était trop hautain et trop fier se courbait à cette heure de solitude et d’angoisses. Son âme s’agenouillait devant le Seigneur et humiliait dans l’oraison l’orgueil indompté de sa pensée.

C’était une pauvre femme brisée par la douleur. Ses yeux dardaient leur élan vers le ciel sourd, ou retombaient alanguis, et se baignaient dans les larmes…

Ou bien encore son cœur, révolté soudain, renvoyait le sang à sa joue. Elle se redressait dans sa vigueur éprouvée ; son œil brûlait, farouche, sous la frange relevée de ses longs cils, et son front orgueilleux semblait défier l’excès de son martyre.

Et qu’elle souffrait, mon Dieu ! Elle aimait un Anglais, elle, la fille des grands lords dépouillés par l’invasion anglaise ; elle aimait un