Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 1.djvu/194

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
186
PREMIÈRE PARTIE.

passer. Mill’s et ses fils se turent également.

Cette nuit, Ellen dormit un calme sommeil ; les vagues inquiétudes qui commençaient à poindre en son cœur de jeune fille firent trêve. Elle eut de bien beaux songes, et il lui sembla qu’une main surnaturelle relevait les murailles écroulées de son noble château de Diarmid…

Ellen avait une belle âme, pieuse et fière. Elle avait grandi, libre de tout frein, sans autres enseignements que les conseils timides de son père d’adoption et les leçons du pauvre prêtre catholique de Knockderry.

Celui-ci avait le droit de parler haut, même à la fille des grands lords, parce qu’il parlait au nom du ciel ; mais il ne savait point les choses du monde, et ses naïves exhortations n’avaient pu donner à Ellen ce fil conducteur qui guide dans les mille sentiers de la vie.

Une fois qu’Ellen eut perdu de vue les têtes grises du Mamturck et les longues grèves de la côte de Galway, tout fut nouveau pour elle. À part la digne courtoisie que l’hospitalité du vieux Mill’s lui avait enseignée, elle ne savait rien du code compliqué qui régit les relations mondaines.

Elle était habituée à dominer tout ce qui l’entourait, et il y avait en elle une croyance dé-