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Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 1.djvu/242

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PREMIÈRE PARTIE.

Des regards curieux et courroucés franchissaient la distance et montaient jusqu’aux fenêtres, faiblement éclairées ; les shillelahs décrivaient un moulinet menaçant. De sourdes malédictions s’échappaient des poitrines.

Parmi ces bonnes gens qui voyageaient ainsi à une heure indue, lord George Montrath comptait, à ce qu’il paraît, peu d’amis.

L’heiress approchait du but de sa course.

Le feu rouge disparut un instant pour elle derrière un des sommets de la montagne ; puis il reparut plus voisin.

Au-dessus de lui se dessinait en noir la grande silhouette du château de Diarmid, immense ruine dentelée, sombre, haute, magnifique, qui, de l’extrême sommet du cap Ranach, s’élance, orgueilleuse encore, vers le ciel.

La route se faisait étroite entre la mer bruyante et le flanc de la montagne. Elle descendait insensiblement et se rapprochait toujours de la grève ; Ellen mit enfin son pied sur le sable.

Derrière elle la plage, suivant les sinuosités de la baie, étendait à perte de vue son mince et tortueux ruban d’or entre la mer assombrie et la noire végétation de la côte.

Devant elle la grève s’arrêtait brusquement ;