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Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 1.djvu/270

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PREMIÈRE PARTIE.

Morris Mac Diarmid avait bien souvent parcouru les comtés de l’Irlande : il connaissait ceux des conjurés qui venaient au combat, poussés par le seul amour de la patrie, amour aveuglé peut-être, mais sublime chez de pauvres gens pour qui la patrie n’a ni protection ni secours.

Morris était leur chef. Ils le suivaient et le soutenaient.

Ils étaient là, pour la plupart, à leur poste entre les féeriques colonnes de la galerie du Géant. L’élection de Galway était le prétexte de leur venue.

Le gros de l’assemblée ignorait le pacte secret qui les liait entre eux. Ils suivaient le torrent comme Morris lui-même, et se sentaient trop faibles encore pour éteindre violemment la torche de l’incendie.

Mais ils y travaillaient sous main sans relâche, aidés par l’éloquence de leur chef, dont la parole hardie maniait souverainement ces masses versatiles. Ils gagnaient du terrain peu à peu ; ils avançaient, et le moment venait peut-être où les nocturnes meurtriers allaient relever leurs têtes au soleil et devenir des soldats.

Suivant la croyance de Morris, ce pas eût été franchi déjà sans la réprobation d’O’Connell.